Quentin Roosevelt, fils du président américain, mort pour la France le 14 juillet 1918

Un entretien France Revisited avec Christiane Sinnig-Haas, auteur d’un ouvrage sur l’Américain Quentin Roosevelt (1897-1918), fils cadet du Président Théodore, mort dans un combat aérien au dessus de la France le 14 juillet 1918 près de Château-Thierry lors de la Première guerre mondiale.

Christiane Sinnig-Haas est conservateur en chef, directrice du Musée Jean de La Fontaine. Elle est Fondatrice de l’Association pour le Musée Jean de La Fontaine et Vice-Présidente du réseau des Maisons d’écrivains de Picardie.

[Click here for the English version of this interview]

France Revisited : D’où vient votre intérêt pour Quentin Roosevelt?

Christiane Sinnig-HaasChristiane Sinnig-Haas : C’est une rencontre due au hasard comme beaucoup de rencontres. Son histoire est liée à l’histoire de la première guerre mondiale dans la région de Château-Thierry. En prenant la direction du Musée Jean de La Fontaine de Château-Thierry qui est également une maison d’écrivain, j’ai découvert le destin tragique de Quentin Roosevelt.

Je venais de terminer un ouvrage sur un grand écrivain contemporain chinois Ba Jin qui vécut à Château- Thierry dans les années 20 et que la Ville de Château-Thierry souhaitait mettre à l’honneur quand un ami m’emmena à Chamery sur le lieu où s’était écrasé l’avion de Quentin le 14 juillet 1918.

La Ville de Château-Thierry a consacré l’année 2010 à Quentin Roosevelt.

En approfondissant ma recherche j’ai découvert que Quentin avait laissé de nombreuses lettres relatant sa courte vie avant et après son arrivée en France en tant qu’engagé volontaire.

Il avait hérité de son père, le président Théodore Roosevelt, le goût de l’écriture. Son frère Kermit avait publié en 1921 une sélection des lettres de Quentin. Entre les lignes se dessinait le portrait d’un jeune homme extrêmement sympathique et brillant : Quentin.

Je me suis ensuite rendue à Harvard, à Sagamore Hill, à Washington pour mieux appréhender la réalité de son quotidien. C’est par ses lettres et les archives conservées de la famille que je suis entrée dans le monde de Quentin Roosevelt.

Une autre rencontre a été déterminante celle de Richard Derby Williams et de son épouse Mary. Petit-fils d’Ethel la sœur de Quentin dont il était très proche, Richard Derby Williams attache comme toute la famille Roosevelt une grande importance à l’hommage rendu au sacrifice de Quentin. Il a été extrêmement positif pour ce projet en anglais . Il connaît bien Château-Thierry et les amis de longue date de Quentin. Sa grand-mère, Ethel Roosevelt Derby, gardienne de la mémoire de la famille avait notamment établi des liens d’amitiés avec un couple d’instituteurs du lieu, les Coret qui ont perpétré la célébration du Memorial Day sur la tombe de Quentin à Chamery, commune de Coulanges-Cohan à partir de 1954.

Ces liens chaleureux ont été entretenus par son petit-fils Richard Derby Williams et la famille, l’Association Théodore Roosevelt, les autorités locales, la Ville de Château-Thierry, et le célèbre site de Bois-Belleau.

President Theodore Roosevelt and family, 1903. Quentin is on the left, leaning againt his father.

FR : Quentin Roosevelt, le fils cadet du Président Theodore Roosevelt, est souvent décrit comme étant le préféré de son père. Pourquoi ?

C.S-H. : Comme son nom l’indique Quentin était le cinquième enfant de Théodore et Edith Roosevelt. Sa demi-sœur Alice , sa mère Edith n’ont pas manqué de souligner qu’il était sans doute le plus doué des enfants du Président et doté d’un solide sens de l’humour.

Il fit preuve très tôt d’une grande audace, il était téméraire et avait peu d’inhibition physique, ce qui effrayait ses parents.Intelligent, plein de joie de vivre, direct, sensible et inventif, il était un leader né comme en témoignent très tôt les épisodes de la White House Gang durant sa jeunesse qui ont fait les délices de la presse et des américains. Le Président attachait une grande importance au développement de son sens des responsabilités et des principes et canalisait cette fougue où il se reconnaissait. Excellent élève, son goût pour la lecture et l’écriture fut encouragé par ses parents.

Théodore Roosevelt nourrissait de grandes ambitions pour Quentin en qui il voyait peut-être un successeur politique potentiel. Il avait des traits communs avec son père, physiquement et intellectuellement. Théodore n’avait pas manqué de percevoir un charisme certain chez Quentin.

Quentin Roosevelt on his pony Algonquin at the White House, 1902.

Etudiant à Harvard, Quentin devint le confident épistolier de son père qui lui faisait part de ses opinions notamment en matière de politique intérieure et extérieure. Comme le Président il avait du charme et beaucoup d’énergie, il était sincère et appliquait les principes auxquels il croyait. Quentin de son côté avait une admiration absolument sans borne pour son père qu’il adorait.

FR : D’où vient la passion de Quentin pour les avions et comment est-il devenu pilote?

C.S-H. : Très tôt Quentin étonna son entourage par sa grande attirance et ses talents innés pour la mécanique, c’était une passion et un don. En août 1909 au cours d’un voyage avec sa famille en Europe, il fut bouleversé par la beauté d’un show aérien à Reims, ce fut pour lui une révélation, il avait 12 ans. Il reviendra dans cette région en 1918, pilote engagé volontaire à la rencontre de son destin.

Dés son jeune âge ses poèmes traduisent cette fascination pour l’aviation, la mécanique, les moteurs. Son enthousiasme pour ses expériences mécaniques n’était pas toujours partagé par la famille. Etudiant à Harvard il souhaitait compléter son cursus au MIT et avait déclaré vouloir devenir ingénieur en mécanique.

Par ailleurs Théodore Roosevelt avait compris très tôt l’importance stratégique qu’allait prendre l’aviation dans le conflit en Europe, notamment après la première bataille de la Marne. Il avait écrit des articles à ce sujet et Quentin en était tout à fait informé.

En avril 1917 lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis, Quentin qui était à Harvard avait immédiatement informé ses parents de sa décision de s’engager pour devenir pilote de chasse, malgré des problèmes de dos et de vue. Son père lui accorda tout son soutien et adhéra totalement à sa décision.Avant de partir pour la France en juillet il sera formé à l’Ecole d’aviation de Mineola, formation qui sera complétée ensuite en France.

L’armée américaine avait moins d’une centaine de pilotes entraînés en 1917, les besoins du conflit en Europe étaient énormes.

FR : Que pensait le père de Quentin, ancien président, du désir de son fils à s’engager dans la guerre?

C.S-H. : Il est incontestable que la personnalité de Théodore Roosevelt, ses idées ont définitivement marquées le choix de ses fils et de toute sa famille. La clairvoyance politique de Théodore Roosevelt concernant le conflit et la situation mondiale en Europe étaient remarquables. D’une perspicacité prémonitoire il mettait en garde ses concitoyens contre les dangers économiques et stratégiques d’une victoire allemande pour l’Europe comme pour les Etats-Unis. Il fut très tôt convaincu de la nécessité de l’engagement des Etats Unis en Europe.

Quentin Roosevelt in a Nieport 28 fighter plane.

L’attitude de son successeur à la Maison Blanche Woodrow Wilson et son refuge dans une neutralité prudente -qui permit d’ailleurs la réélection de Wilson en 1916 -était un désespoir pour Théodore Roosevelt. Roosevelt a très tôt cherché à convaincre le peuple américain que l’attitude de non-ingérence et le pacifisme de Wilson étaient condamnables; il traitait le Président Wilson de lâche.

L’entrée des Etats-Unis dans le conflit en 1917 lui semblait très tardive, il estimait le pays sous équipé et beaucoup de temps avait été perdu malgré sa véhémence.

Dés 1914 la sœur de Quentin, Ethel avait accompagné comme infirmière son époux Richard Derby chirurgien engagé volontaire à Hôpital Américain de Paris.

Le refus du président Wilson de l’engagement de Théodore Roosevelt malgré l’insistance des alliés, qui pensaient que sa présence aurait un effet positif pour le moral des troupes fut très amèrement ressentie par Théodore Roosevelt qui était connu et populaire en Europe.

Ses fils comme il le disait étaient sa fierté, sa substitution à l’interdiction qui lui était faite d’être sur le front en Europe. En juin 1917 ses fils Ted et Archie embarquaient pour la France, Kermit pour la Mésopotamie (Irak actuel). Le 23 juillet 1917 Quentin embarquait pour la France. Pour toute la famille participer à cet effort de guerre était une question d’honneur.

FR : Que sait-on de son dernier combat aérien?

C.S-H. : L’escadrille de Quentin la 95th Pursuit Squadron  ainsi que la 94 th Pursuit Squadron ont été les premières escadrilles de chasse aérienne américaine.

Ce 14 juillet 1918 la situation du secteur de Château-Thierry était extrêmement dangereuse. L’aviation allemande avait des ordres très stricts pour empêcher toute tentative d’observation et de reconnaissance : la grande offensive allemande «  Friedensturm » était prévue pour le lendemain 15 juillet. Le commandement allemand avait donné des ordres pour neutraliser absolument tout vol d’observation sur la ligne de front.

Le 14 juillet l’unité de Quentin basée prés de Château -Thierry à Saints décolla tôt ce matin là sous le commandement du lieutenant Buford Edward. La mission de l’escadrille était de couvrir un avion d’observation du 88 th qui prenait des photos derrière la ligne de front. Les clichés avaient pu être pris  et l’avion d’observation était reparti vers la base lorsque des Fokkers de chasse allemands apparurent. La formation des cinq avions américains qui avaient  franchi la ligne de front s’est trouvée face à une formation de 7 Fokkers allemands.

Le lieutenant Buford devant le grand nombre d’avions ennemis décida de cesser le combat et de ramener l’unité derrière les lignes. Le temps était couvert, nuageux, il y avait du vent et la visibilité n’était pas bonne. Le lieutenant Buford aperçu un avion Nieuport en difficulté entre les couches de nuages, attaqué par trois Fokkers et qui avait apparemment été touché. Le combat avait duré cinq à six minutes.

Quentin s’était jeté dans le combat sans doute victime de sa grande témérité, de sa bravoure  et de son manque de peur, convaincu de son bon droit. Au même moment il pleuvait à Paris et les alliés défilaient sur les Champs Elysées pour la parade du 14 juillet. Au retour l’avion de Quentin était signalé manquant : il avait été abattu et s’était écrasé à Chamery en zone allemande.

La supériorité des appareils allemands : des Fokkers de chasse de conception nouvelle sur les appareils américains de vieux Nieuport avait été déplorée par Quentin dans ses lettres et rappelait les problèmes de sous équipement que son père le Colonel Roosevelt avait prédit dés le début du conflit.

Quentin Roosevelt’s grave in Chamery, France. His remains have since been moved to the American Cemetery above Omaha Beach to be enterred beside those of his brother Theodore Roosevelt, Jr. who died during the Invasion of Normandy in 1944.

FR : L’avion de Quentin s’est écrasé au delà du front. Les allemands l’ont enterré et conscients qu’il était le fils d’un ancien président américain ont prévenu immédiatement les français de sa mort. Que sait-on de la réaction des autorités allemands et des français par rapport à sa mort?

C.S-H. : La mort de Quentin a été un choc dans le monde entier, la presse a relaté son sacrifice dans tous les pays et son courage a été salué de façon unanime. Le nom de Roosevelt était connu et respecté des français comme des allemands, civils et militaires.

Le 15 juillet il a été enterré à Chamery, petit village de l’Aisne à l’endroit où son avion s’est écrasé. Un témoin oculaire mentionne une garde d’honneur impressionnante de soldats allemands lui rendant les honneurs militaires sur le site. Conformément à la tradition les pales brisées de l’hélice et les roues voilées de son avion ont marqué l’emplacement de sa tombe surmontée d’une croix de bois.

La photo de sa dépouille à côté de l’avion a été prise par les services allemands. Son exploitation à des fins de propagande pour remonter le moral des troupes s’est très vite révélée extrêmement contre-productive au sein de la population comme de l’armée allemande. Elle était même très démoralisante pour les troupes.

La comparaison du courageux fils du président américain mort en combat aérien avec celle des six fils du Kaiser qui se tenaient à distance respectueuse du front était peu flatteuse et glorifiait encore davantage le sacrifice de Quentin et de ses frères Théodore, Archie et Kermit tous au front et volontaires au nom du combat contre la barbarie.

La presse américaine était explicite : Le Chicago Sunday Tribune du 4 août 1918  affichait la photo des fils du président Théodore Roosevelt et des fils du Kaiser allemand avec comme titre «  LA DIFFERENCE ENTRE DEMOCRACIE ET AUTOCRACIE ». Cela ne laissait aucun doute sur l’opinion publique partagée largement au-delà des frontières.

Du côté français la mort de Quentin confirmait l’admiration et la reconnaissance pour ces volontaires américains. Les hautes autorités françaises ont très vite fait part de leurs condoléances à Théodore et à Edith. Quentin a été décoré de la Croix de Guerre avec palme.

FR : Quentin Roosevelt est mort lors d’un combat aérien le 14 juillet 1918, jour de la fête nationale française. Cela a-t-il une importance particulière?

C.S-H. : Quentin est allé à la rencontre de son destin. La date symbolique de son décès  a amplifié  le prestige de son sacrifice. Cette date fait partie de son entrée dans la légende. Le 14 juillet français, jour de fête nationale de la prise de la Bastille est l’équivalant français de l’Independence Day américain. C’est un peu, comme si le fils d’un président français avait été abattu par les ennemis sur le sol américain un 4th of July !

Le sacrifice de Quentin et des volontaires américains de la première guerre mondiale a laissé un souvenir très fort dans la mémoire collective, leur enthousiasme, leur énergie, leur indéfectible foi en leur bon droit avaient remonté le moral des soldats et du peuple français. Les batailles féroces menées dans le secteur de Château Thierry dans le cadre de la seconde bataille de la Marne ont marqué à jamais les lieux et l’amitié franco-américaine.

American Aisne-Marne Cemetery viewed from Belleau Wood, also near Chateau-Thierry. Photo GLK.

FR : Le président Roosevelt est mort six mois après son fils, à l’âge de 60 ans. Pourriez-vous nous parler de la réaction de la famille Roosevelt lors de la nouvelle de la mort de Quentin et les liens que cela a créé entre la famille et la France par la suite ? 

C.S-H. : Le Président Roosevelt a été informé à Sagamore Hill dans la matinée du 17 juillet  La réaction des parents devant la presse et devant le peuple américain a été d’une grande réserve et d’une grande dignité, saluant le courage de Quentin et son sacrifice, incluant ce sacrifice dans celui de tous les parents dont les fils étaient en danger ou morts sur le front en terre étrangère.

Ils voulaient partager cette douleur avec le peuple américain et les parents dans la peine comme eux. Le père et la mère de Quentin ne souhaitaient pas plus de compassion que des citoyens ordinaires En privé, le choc fut très violent, choc des idéaux sur lesquels Théodore et Edith avaient construit leurs vies avec la réalité de la douleur de la disparition de Quentin. Il n’est pas exclu que Théodore ne pouvait supporter un sentiment de culpabilité concernant la fin tragique de Quentin. Il était dévasté. Quelque chose s’est éteint dans le cœur de Théodore avec la disparition de Quentin, sa famille, ses proches, et lui-même le reconnaissaient. Le «  Lion » comme le surnommait sa famille s’éteindra six mois plus tard à l’âge de 60 ans.

Les troupes américaines ont libéré le secteur de Chamery et ont découvert la tombe de Quentin quelques jours après sa mort. Ses parents souhaitaient que Quentin repose là où il était tombé et les autorités ont tenu compte de ce souhait.

Au début de l’année 1919 la mère de Quentin viendra s’y recueillir. L’ex First Lady fera construire une fontaine à la mémoire de Quentin dans le village de Chamery.

FR : Au delà de son engagement personnel dans la guerre et de la tragédie familiale de sa mort, en quoi l’histoire de Quentin Roosevelt est-elle importante?

C.S-H. : La vie de Quentin , sa naissance , sa personnalité , ses capacités intellectuelles , son charisme, son humour, en faisaient une personnalité hors norme et quelqu’un d’extrêmement attachant et il aurait sans doute compté dans le paysage politique ou social américain. Il se qualifiait de très ordinaire, mais il avait beaucoup de qualités peu communes. Il y a une dimension tragique et romantique dans son destin dont Il avait la prémonition.   Il passait par des phases de dépression très noires  mais se sentait investi d’une mission à laquelle il ne pouvait et ne voulait pas échapper. Cela apparaît de façon récurrente dans les lettres à sa fiancée Flora Payne Whitney. Il appartient à une génération qui exprime un désir impérieux de se battre pour des idées. Ce consensus autour de cette détermination et de cette volonté de lutte à mort qui envahissait toute la société de son temps quelque soit le prix à payer donne à réfléchir.

Il avait vingt ans, mais ses lettres sont d’une grande maturité. En le lisant on se dit qu’il était quelqu’un dont l’amitié était précieuse. Ses compagnons d’armes, les soldats, les mécaniciens sous ses ordres étaient unanimes, et avaient pour lui une grande sympathie et du respect : il est difficile de tricher sur votre personnalité quand la mort vous guette à chaque mission.

Quentin appartient à la mémoire collective, comme tous ces pilotes qui ont trouvé la mort en combat aérien. Il fut sans doute la victime américaine la plus célèbre de la première guerre mondiale. Broyé par son destin, par la guerre, par des évènements qui laminaient le monde, il aurait fait partie -sans le nom qu’il portait -des milliers d’aviateurs et as oubliés qui avaient comme lui le désir de faire cesser cette guerre , de faire cesser cette boucherie.

L’une de ses expressions préférées était «  noblesse oblige » et cela le définit très bien. Il portait un nom célèbre qui personnifiait le courage, il avait cette responsabilité, et l’a assumé avec noblesse. Il incarnait la citation de Théodore Roosevelt gravée sur la fontaine de Quentin à Chamery : “Only those are fit to live who do not fear to die”. “Seuls sont bien vivants ceux qui n’ont pas peur de mourir”.

Jean de La Fontaine

FR : Comment se fait-il qu’une experte sur Quentin Roosevelt soit également directrice d’un musée consacré à Jean de La Fontaine? Qu’est ce qui vous a amené au Musée La Fontaine?

C.S-H. : C’est parce que je suis conservateur directrice du musée Jean de La Fontaine de Château-Thierry qui est labellisé Musée de France, mais aussi Maison d’écrivain que je me suis intéressée à Quentin Roosevelt, l’approche a été essentiellement littéraire , le personnage s’est dessiné ensuite au fil des lettres, et des archives.

Jean de La Fontaine est né à Château-Thierry. Le musée est un hôtel particulier qui fut propriété de la famille classé monument historique, il vient d’être labellisé Maison des Illustres. La restauration des façades vient d’être achevée.

La Fontaine est l’un des plus grands poètes de la langue française, il a vécu au 17ème siècle, siècle de Louis 14 qui admirait et se méfiait du génie de La Fontaine. Les plus grands artistes ont illustré ses fables et ses contes Fragonard, Oudry, Chagall, Dali …

Le musée possède des collections de peintures et de miniatures tout à fait exceptionnelles mais aussi une bibliothèque unique consacrée à cet écrivain.

Quentin connaissait la littérature française, La Fontaine, mais aussi La Bruyère et il avait visité la France  dans sa jeunesse. Il avait été impressionné par le Louvre. Dans ses lettres il cite les auteurs en français dans le texte. De par son éducation il maîtrisait le français aussi bien à l’oral qu’à l’écrit.

FR : Les Anglophones connaissent surtout les fables d’Esope mais peu celles de La Fontaine. En quoi le Musée La Fontaine pourrait-il donc intéresser ceux qui ne connaîtraient pas à priori cet auteur?

C.S-H. : Les fables d’Esope sont connues dans la littérature anglo-saxonne et se retrouvent chez La Fontaine qui s’en est inspiré. Le 17ème siècle est le siècle des fables et des contes qui ont été remis à l’honneur dans la littérature française et à la cour de Louis XIV.

L’anthropomorphisme animal est présent chez La Fontaine, il a mis au premier plan des animaux comme le renard, le loup, le lièvre, la grenouille, le chat, le rat de ville et le rat des champs, ce monde animal est la clé du succès de Walt Disney qui a lui aussi adapté les fables, les contes de fées, les histoires à visée morale et souvent d’inspiration  européenne. Parmi ses sources d’inspiration figurent les fables de La Fontaine.

La souris mondialement connue Mickey pointe le bout de son museau dans le monde de La Fontaine. Comme chez La Fontaine il s’agit d’imprégner l’imaginaire des enfants et des adultes et de détourner la censure, de donner des leçons de morale en se servant des animaux pour faire passer un message ou dédramatiser des situations.

Le Lièvre et la Tortue de Walt Disney, un court métrage des Silly Symphonies sorti en 1935 s’inspire de la fable de Jean de La Fontaine, qui l’avait écrite pour le fils du roi, le jeune dauphin.

Il y a eu un avant et après La Fontaine dans la littérature comme il y a eu un avant et un après Walt Disney pour l’adaptation au cinéma. Ils sont inégalés et inégalables tous les deux.

Les fables et les idéaux qu’elles véhiculent comme le courage n’ont pas de frontière et sont un lien entre nos deux cultures.

Réponses dans cet entretien avec Gary Lee Kraut paru en premier lieu sur France Revisited en juillet 2012 © Christiane Sinng-Haas.

Christiane Sinnig-Haas est conservateur en chef, directrice du Musée Jean de La Fontaine. Elles est Fondatrice de l’Association pour le Musée Jean de La Fontaine et Vice-Présidente du réseau des Maisons d’écrivains de Picardie.

 

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